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Marie Dandé - 1914.1967

 

 

Racontée par Annick Meynier  :

"Où trouvait-elle le temps?"

Une vie

 

Lettre du Liban

Marie

 

 

 

Voir également:Emile Dandé :

Journal d'un appelé 1926-1927

Sauviac 1938

Ceux du Grand-Clos

C'est avec stupeur que vous avez appris la mort de Madame Dandé, la dévouée institutrice de la classe enfantine.

C'est avec peine aussi; car Marie Dandé avait su conquérir l'estime et l'affection de toute le paroisse de Langon, non seulement des petits enfants à qui elle se donnait sans compter, pais aussi des parents qui les lui confiaient. Une mère de famille m'a dit : "Elle était la seconde maman de mes enfants."

C'est vrai : elle était la seconde maman de ses jeunes élèves. Elle les aimait et ils l'aimaient. Elle savait les prendre, alliant toujours la douceur et la fermeté.

Vous avez apprécié son savoir-faire, à l'arbre de Noël, en entendant tel de vos bambins vous parler de sa maîtresse de classe: "Madame Dandé a dit…!" Puisque "Mme Dandé a dit", il était inutile de dire autre chose.

C'est qu'elle avait été préparée de longue date à son rôle d'éducatrice. Elle avait déjà enseigné à Tours, quand elle était jeune fille.
Veuve à 31 ans, avec six enfants et seule pour assurer le pain quotidien, elle reprit l'école, mais celle fois, à Langon.

Elle se dévoue, et, chez elle, le dévouement n'est pas seulement un mot; il est une réalité. En plus de sa famille et de sa classe, elle donne son concours à la décoration de l'église, au théâtre paroissial (la "Troupe des Menhirs"), à l'organisation de la kermesse : activités qui lui demandent beaucoup de temps.

Elle se dévoue en souriant, sans se plaindre jamais, même quand la tâche est dure. Elle puise dans sa foi chrétienne le courage dont elle a besoin.

Mais je veux insister sur ce que j'appelerai sa dernière œuvre ; La CLASSE ENFANTINE. Cette classe, vous la souhaitiez et la demandiez. Moi-même, je compris sa nécessité, si je voulais maintenir l'esprit chrétien de la paroisse.

Mais Madame Dandé, qui faisait la classe à des enfants de cinq ans et plus, accepterait-elle de s'occuper d'enfants de deux à cinq ans? Je lui posai la question. Sa réponse fut affirmative : oui, elle serait la maîtresse de la classe enfantine; elle accepta même de faire un certain nombre de démarches qui s'imposaient pour mettre les choses en état. Ce qui était la "petite classe" devint alors la "classe enfantine".

En octobre 1962, la classe ouvrait avec 36 petits enfants; en janvier 1963, elle était agréée par l'Inspectrice des Ecoles Maternelles; et, à la rentrée de Pâques, le nombre des enfants s'élevait à 44.

Classe enfantine

1962

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Pour être en règle avec la législation scolaire française et être plus pleinement à la hauteur de sa nouvelle tache, Marie Dandé voulut préparer son C.A.P. (Certificat d'Aptitude Pédagogique). Elle se remit à étudier - à 48 ans! – jusqu'au jour où un décret du Ministère de l'Education Nationale la dispensa de ce diplôme.

Dans un but d'amélioration de sa classe, elle accepta encore, en octobre dernier, de visiter plusieurs écoles, afin de se documenter sur le travail à entreprendre.

En tant que pasteur de la paroisse, je garderai toujours ma reconnaissance – une reconnaissance profonde – à Marie Dandé pour l'œuvre qu'elle m'a permis de réaliser. Vous-mêmes, vous lui garderez cette reconnaissance. Dites-vous que, sans elle, vous n'auriez pas eu – du moins, dès 1962 – la classe enfantine, à laquelle vous tenez tant pour vos petits…

Abbé Henri Gouault – Recteur de Langon – Août 1967